2. SOUVENIRS D’EVENEMENTS HISTORIQUES

                       DECLARATION DE LA GUERRE EN 1939 et ARMISTICE JUIN 1940:

Geneviève (13 ans au moment de la déclaration) : « nous avons appris la déclaration de la guerre par la radio mais mes parents n’ont pas eu de réaction particulière. Sauf pour une cousine Marie-Rose mariée quelques jours avant, dont le mari a été immédiatement mobilisé, nous étions inquiets pour eux ; il a été fait prisonnier et est rentré chez lui 4 ans après ! Par contre l’armistice et la période qui a suivi m’ont plus marqué, Pétain devait sauver la France et on chantait souvent « Maréchal nous voilà ».

Emile (17 ans): «  mon père a fait sonner le tocsin à l’église. Après on a entendu l’information à la radio. Mes parents étaient effondrés, tous deux avaient connus celle de 14-18. Le mari de Marie-Rose est parti à la guerre le lendemain de leur voyage de noces »

Guitte (16 ans) : « nous avions la radio à La Garenne depuis 1936 (achetée chez Fuchs) et c’est ainsi que nous avons appris la déclaration de guerre. Mes frères Jules et Jean ont été immédiatement mobilisés et avec maman nous étions très inquiètes. Etienne était déjà à l’armée. J’ai du palier leur absence en travaillant avec papa à la ferme».

Paul (12 ans): « En 1938, mon frère Etienne faisait son service militaire et j’ai du arrêter l’école pour le remplacer à la ferme, alors que j’aurai bien voulu continuer mes études. Nous savions que la guerre serait déclarée un jour car il y avait déjà eu la mobilisation générale. C’est le garde-champêtre (le père Juge) qui est venu nous avertir, deux de mes autres frères étaient concernés et devaient rejoindre leur régiment, Jules le 12°BCA à Grenoble et Jean le 159° régiment d’artillerie de montagne à Briançon (alors que Jean avait été ajourné au conseil de révision pour faiblesse à l’épaule, il a cependant été appelé sous les drapeaux). Mais nous avions déjà appris cette nouvelle en portant le lait à nos habitués et le père Tardy nous avait également informé ‘la radio a annoncé la guerre'. J’ai accompagné à la gare de St Paul les Romans chacun de mes deux frères, ramenant ensuite les vélos à Triors, c’était difficile. C’est la première fois que j’ai vu mon père Jules pleurer, avec ses 3 fils à la guerre. Et il se retrouvait seul pour travailler la ferme ».

François (7 ans): « Je me souviens que maman pleurait. Mon frère Jules s’installait ses bandes molletières. Les cloches sonnaient beaucoup. J’ai été impressionné par le nombre de side-cars allemands, nous n’en n’avions jamais vu. Le général allemand résidait au château de Triors, la comtesse, danoise parlant allemand, l’avait bien accueilli. A l’école on apprenait « Maréchal nous voilà » et on le chantait lors de la levée quotidienne du drapeau. Alors même que notre maître Mr Bourguignon, était communiste mais il ne pouvait qu’appliquer le règlement».

 Coco : « en fait mon père Jean a été rapidement renvoyé dans son foyer pour charge de famille ; mes 2 sœurs ainées étaient déjà nées »

Louis : Ajout d’après ses notes posthumes retrouvées en 2012 (écrites en 1987, il a 67 ans) : « Mai 1940. Attaque allemande généralisée. Juin, ils arrivent, s’installent à Triors, le soir ils chantent. On les observe de loin. Ouf, ils sont repartis ! C’est le vide, puis les langues se délient : pour les anciens de 1914-18, Pétain c’est le vainqueur de Verdun, il a déjà sauvé la France, les familles s’alignent sur cette idée. Pour quelques uns, ce n’est pas fini, il faudra remettre ça ».
 



APPEL du GENERAL DE GAULLE, 18 JUIN 1940 (voir glossaire). Geneviève : « je me souviens que beaucoup de monde parlait de De Gaulle, tout le monde savait qu’il était à Londres mais c’était vague sur les intentions et ce qu’il fallait faire ». 

Question de Monique le 18 juin 2009, à la maison de retraite de Romans, réponse de Louis : « l’appel, c’est la base ».

 

                                             II° GUERRE MONDIALE 1939-1945 :

   Geneviève : « en 1940, des réfugiés de Romans et ailleurs, qui craignaient des bombardements,  ont été hébergés dans la 2° maison des Tardy à Triors ; ils arrivaient en amenant tout ce qu’ils pouvaient, sur les voitures, vélos, charrettes ; l’armistice signée, ils sont tous rentrés chez eux. Avant la guerre, cette maison était utilisée par la famille Tardy pour élever des vers à soie, qui étaient ensuite vendus en cocons. Cette maison est devenue ensuite celle de Georges (mon frère). La maison de Balezard a également été utilisée comme refuge ».

  Livre « Drome Nord, terre d’asile et de révolte 1940-1944 » : « A Romans, au cours de cette nuit du 21 au 22 juin 1940, la population fuit vers les coteaux et les villages les plus proches. Elle est partout bien accueillie par les fermiers…Du 13 au 16 juin, suite à la déclaration de guerre de l’Italie à la France, six trains amènent à Romans plus de 7000 réfugiés venant de la région de Modane. Ils sont répartis dans les communes avoisinantes ». Livre « la Drome, les drômois et leur département ; 1790-1990, d’Alain Sanger » : « le 29 mai, 800 réfugiés de Reims arrivent à Romans. Suivent les frontaliers de Modane, après l’entrée en guerre de l’Italie. En juillet, 800 lorrains arrivent à Romans».

   Gérard Tardy : « j’ai vu des avions de chasse français en 1940, piquant sur les troupes allemandes. L’un d’eux a été abattu au dessus de Mours ». Livre « Les années noires », pages 29 et 95 : «les escadrilles françaises bombardent les concentrations allemandes à Romans mais aussi les cantons nord où la population est réfugiée.  La DCA allemande abat un avion français, 3 morts…la tombe du lieutenant Raphenne dont l’avion a été abattu par la DCA allemande le 24 juin 1940 »


           

Geneviève :

        - « A la ferme Tardy, nous fabriquions  de l’huile de noix. Mes parents vendaient des légumes aux romanais qui venaient au ravitaillement  sur place, en vélo. Nous fabriquions notre  pain, cuit une fois par semaine dans le four à pain des Bossan, seul four du village : Emile, mon frère ainé, pétrissait la pate puis la montait jusqu’au four en la transportant dans une brouette ».

          - Livre « Lyon Capitale 1940-1944 »,Henri Amoretti, page 290 , rations de ravitaillement en mai 1941 avec les tickets d’alimentation : « 240g de pain par jour ; 250g de viandes et 75g de fromage par semaine ; 550 g de matières grasses, 500g de sucre, 500g de riz, 250g de pates par mois ; 1 litre de vin tous les 10 jours ».

                               

                                              
                                                              Tickets d’alimentation (collection Joseph Delporte)

 

         - « J’ai vu passer au dessus de Triors les bombardiers de la Luftwaffe qui allaient pilonner le Vercors, dans un bruit impressionnant ». Livre « les Années noires » page 185: « vers 9 heures, par groupes de trois ou quatre, les avions allemands se relayaient pour aller faire leur plein à l’aérodrome avant de se lancer sur la Chapelle en Vercors. Cette ronde infernale dura 12 heures ».

           -« Un soir de 1944, après le battage, très tard, quelques individus sont entrés dans la ferme, cagoulés, avec des pistolets à la main, pour demander de l’argent au nom de la Résistance. Cyrille-Eloi, alors dans une pièce à coté, a pu s’enfuir dans les bois alentours. Ces individus ont tiré en l’air mais en l’absence du chef de famille n’ont rien pu obtenir. Geneviève, sa sœur Lucette et Clémence leur maman sont allés se réfugier dans la ferme Bossan de « Baleyzard » au dessus, oubliant dans leur affolement Gérard qui dormait dans son lit ». Plus tard, sa sœur Lucette revit ces individus au marché de Romans, ils habitaient la cité Jules Nady (témoignage de Maryline).

 Gérard Tardy (juillet 2009) : « lors de  cette intrusion nocturne,  j’avais 10 ans, je ne dormais pas mais étais couché ; j’ai entendu du bruit, je me suis mis à plat ventre, l’oreille collée sur le plancher pour entendre ce qui se passait ; j’ai entendu maman dire à l’un des individus « toi tu es de Romans, je te reconnais » et un coup de feu tiré en l’air pour impressionner la famille ».

                                  « Notre 2° maison Tardy a été occupée par plusieurs familles de réfugiés pendant toute la guerre. Une rumeur disait que l’un d’eux était dans la Résistance. En mai 1944, j’ai vu des hommes armés, en civil, descendre de Baleyzard vers notre maison. J’ai couru pour avertir ma mère, au moment où d’autres hommes que je n’avais pas vu débouchaient dans notre cour, qui m’ont dit de m’arrêter ou bien ils tiraient. Je me suis arrêté, les mains en l’air. Il s’agissait de miliciens qui voulaient surprendre le résistant habitant notre maison en contre bas mais quand ils y sont arrivés, il était déjà parti »  François : « 18 miliciens en uniforme noir montaient vers notre maison. Jules mon père, Paul et Joseph mes frères avaient leur fusil et les guettaient à travers les volets entrebâillés, prêts à tirer. Moi j’avais plus que peur. Une cousine présente chez nous en a reconnu quelques uns qu’elle voyait souvent parader à Valence. Elle est sortie et a parlé avec eux, leur disant qu’ici c’était Baleyzard et qu’il n’y avait personne de caché. Ils cherchaient ce résistant, Mr Bénard, c’est parait il sa femme qui l’avait dénoncé ».

 Gérard : «  A la Libération, un individu voulait faire exécuter mon papa, pour collaboration en tant que maire. Un responsable de la Resistance a remis les faits en place, la présence de réfugiés dans notre 2° maison prouvant notre engagement ».
 

Louis : Fait son Chantier de Jeunesse (qui remplaçait le service militaire après la défaite de juin 1940, voir glossaire) du 27 mars au 31 octobre 1941, dans le Vercors, à Meaudre, au secrétariat d’une intendance. Le STO sera mis en place pour les jeunes hommes à partir de la classe 1942, donc Louis n’était a priori pas concerné mais il fut inscrit sans partir car bras indispensable à la ferme Paulien..

La carte STO de Louis, avec la signature de son futur beau-père alors maire de Triors.

Ajout d’après notes de Louis retrouvées en 2012, écrites en 1987 : « Mars 1941. Je rejoins le Chantier de Jeunesse au Vercors, vie dure mais entre jeunes et avec de vrais chefs, officiers en provenance de la zone occupée, qui attendent des jours meilleurs. Meilleurs, un grand bien mot, 90% ne connaitront pas la victoire, fusillés par les nazis ou tués au combat. Affecté au bureau, je suis à leur contact chaque jour. Le moins bavard, Simon (son vrai nom) me dit « nous sommes quelques uns à ne pas accepter le sort de notre pays, voulez vous êtres des nôtres ? Il ajoute : réfléchissez, je ne suis pas si pressé ». Ce sera OUI et pourtant mon idée est de rejoindre le Maroc ».
Il assure ensuite le suivi des papiers, factures, etc.…dans une ferme de Triors entre 1942 et 1943 - la ferme Paulien - où il aurait des contacts avec la Résistance, notamment avec Mr Crevat ( ?) qui fréquentait également cette ferme et aurait été mêlé à la Résistance romanaise. C’est lui qui l’aurait aiguillé dans la même période sur le Service Géographique des Armées, dissous en 1940, remplacé alors par l’IGN. L’ingénieur IGN Croquet ( ?) était son mentor.

Ses activités dans la Résistance (quel Réseau, quelles actions, quel rôle ???) sont peu connues par sa famille, il a très peu évoqué cette période devant elle, sans apporter de précisions. Il en a un peu parlé avec Geneviève au début de leur mariage. Geneviève «à la ferme Paulien, c’était des amis. Cela donnait une grande liberté à Louis pour aller et venir. C’était une couverture, car il était à l’IGN (voir glossaire).
Précision 2010: le premier contrat temporaire de Louis à l'IGN s'est déroulé du 17 avril au 19 juin 1944. Croquet a été son responsable de brigade IGN du 7 mai au 20 septembre 1946.

 

Il aurait assuré des missions pour la Résistance. Il pouvait se déplacer, c’est ainsi qu’il a eu un contact dans les maquis de l’Ain ».  Guitte, sa sœur : « Louis avait évoqué une fois sa participation au maquis de l’Ain, qu’un de ses camarades avait été tué par des soldats allemands alors que tous les deux sortaient d’une maison. Ensuite, il a rejoint la 1° armée».  Paul, son frère : «Louis nous a dit qu’il faisait partie du maquis de l’Ain en juillet 1944 quand il est revenu à Romans, le jour où 3 avions allemands ont été abattus dans la plaine de Romans. Il travaillait alors pour l’IGN dans l’Ain. Il a précisé qu’il avait participé en juillet à la bataille de Pont d’Ain ». François : « Louis est revenu de l’IGN le jour d’une bataille aérienne entre des stukas et des chasseurs US. Une balle de cette bataille est restée longtemps plantée dans notre toit. Louis a dit qu’un jour il avait été arrêté à un barrage de la Résistance alors qu’il circulait à vélo avec son collègue pour l’IGN. C’est ainsi qu’il a rejoint ce groupe de l’Armée Secrète près de Pont d’Ain ».
Livre « Les années noires » de J Duval, page 184: « 14 juillet 44, les romanais assistent durant une heure à de violents combats aériens. Deux avions boches sont mortellement atteints. Un avion américain tombe… ».  
                             
               
                      
Bombardier B17 au dessus de la Drome en 1944 (source:musée Romans)

 Louis aurait auparavant rencontré  Jean MOULIN  (2 articles parus dans l’Impartial de Romans  



                       

 

 

Les textes plus complets, les faits, documents consultés ou témoignages recueillis par Mo et Jean-Marc concernant Louis et la Résistance sont au  chapitre suivant.

Louis s’est engagé le 1/11/ 1944 pour la durée de la guerre, (carnet d’engagement signé à Casablanca, Maroc) et a rejoint la 1° armée du Général  DE LATTRE DE TASSIGNY. Paul : «Jules ne s’est pas opposé à l’engagement volontaire de mon frère, alors que  3 autres frères étaient déjà concernés. Louis m’a dit je m’engage, je veux aller délivrer mon frère Etienne prisonnier de Guerre. Notre maman ne voulait pas qu’il parte, mon « pauvre petit ». Affecté comme pointeur à une batterie du RACL, qui deviendra le IV° groupe du I1°RAC (Régiment d’Artillerie de Campagne), puis deviendra le GACML en octobre 1945 (GACML : Groupe d’Artillerie Coloniale de Montagne du Levant).

Louis : Ajout posthume trouvé en 2012. «Je me tiens au courant, toujours rien. Je dois rejoindre l’Armée quand elle passera. Je vais à Valence au cabanon en bois situé au polygone et m’inscrit pour le RTCM. Ca va déjà mieux. Un compatriote s’est inscrit pour l’artillerie coloniale  et m’a fait mettre avec lui(Desgranges). Visite médicale. Je dois rejoindre Lyon, fort Lamothe. Lyon est libéré, nous attendons. Je rejoins Triors chaque fin de semaine. La situation de l’Armée Française est moins brillante que nous le pensions, elle manque de beaucoup de choses. Et puis après l’Italie, des régiments sont remis en état. Enfin c’est le départ, GMC (camion américain) pour l’Ain et la Haute-Saône. 
                                               

Ce ne sera pas le luxe, il va pleuvoir tout l’automne, c’est la boue. Mais on tire au canon avec tout notre sérieux et les anciens nous ont bien acceptés. Jean-Pierre Aumont vient faire du cinéma avec nous à plusieurs reprises. Je vais suivre des cours de perfectionnement entre les périodes actives. Et on va savoir que je serai nommé brigadier, alors qu’un certain nombre ont suivi le peloton à Casablanca et sont toujours 1° ou 2° classe. L’hiver sera long, rigoureux mais notre pièce est dynamique : rapidité et précision, on l’appelle la pièce des lions. Et puis le 20 mars c’est la Lauter, l’Allemagne, le Palatinat. Position au bord du Rhin et puis 1° avril à Mannheim sur le pont de bateaux américains, le Rhin est franchi ! Stuttgart, il se passe des choses bizarres, nos canons nous sont retirés. Nous voilà fantassins ou policiers, chasse en direction des maquis en formation. Je suis le premier à partir en détente. Le 10 mai c’est l’accueil en gare de Valence, très bien organisé et je suis conduit à Triors en voiture. Mon frère va rentrer de Tchécoslovaquie le 20 mai, j’ai une prolongation. Au retour, nous sommes toujours policiers, arrestation des nazis. Puis retour en Sarre où des bagarres auraient éclatées entre régiments. ».

                 
            

                      Livret militaire individuel de Louis, délivré en 1945. Original dans les archives de Louis.

Livre « Reconquérir, Ecrits 44-45 » De Lattre, éditions Plon page 58 : « un décret, promulgué le 23 septembre 1944, impose aux volontaires de signer un engagement pour la durée de la guerre ».

 Reproduction d’une note manuscrite non datée de Louis : «Les 256 000 hommes de la 1°armée sont renforcés par 135 000 FFI et FTP. C’est l’époque des pluies diluviennes, les rivières débordent ; terrés dans la boue puis dans la neige sale, griffés par la bise glaciale, ce n’est plus l’enthousiasme. »  Louis a raconté un jour une petite péripétie personnelle à ses enfants: « il faisait froid, il y avait de la neige ; un soir on a trouvé des bouteilles de schnaps, chacun d’entre nous a du en boire au moins une ; je me suis réveillé le lendemain matin recouvert par la neige dans un chemin ».

                      

                                                                              
Photo collection de Lattre, la 1° Armée dans les Vosges.
 Livre « Reconquérir, Ecrits 44-45» De Lattre, page 99 : «Période des pires difficultés, des problèmes insolubles. Fatigue des hommes et des engins qui combattent depuis sept semaines sans une heure de répit. Apparition anormalement précoce d’un automne diluvien et froid qu’il faut supporter avec les seuls effets d’été car les vêtements chauds sont restés sur les plages de Provence ». 
  

   
 Carte extraite "conférence prononcée par le général De Lattre, 1948, la Première Armée Française"


 

Texte tapé à la machine, non daté, de Louis : « du 16 aout au 15 septembre, 750kms parcourus…La logistique n’avait pas prévu cette rapidité, et les ravitaillements de toute nature, indispensable aux actions ne parvenaient plus aux troupes en quantité suffisante (exemple : besoin journaliers en essence de 800.000 litres). La deuxième période d’octobre à fin mars comporte la bataille en Haute Alsace, en Vosges, la défense de Strasbourg et la réduction de la poche de Colmar. La 1° armée compte alors un effectif de plus de 400 000 hommes, malgré les morts, blessés, malades (8 divisions d’infanterie + 5 d’Afrique + 3 formées en France) ». 
                            


Légende écrite par Louis au dos de la photo :
 « En Allemagne à coups de canon. Mais en face, de l’autre coté du Rhin, le Comité d’Accueil est bien en place et nous le fait savoir. 24 mars 1945). Louis est le soldat qui fume une cigarette à gauche.

                           Autre texte manuscrit non daté de Louis : «La division est recomplétée et équipée de matériel américain…L’offensive allemande en Ardennes va créer un gros problème car Strasbourg est au centre. Concentration de forces à proximité : divisions SS, blindés Tigres. Attaque le 7 janvier : le point le plus menacé est Habsheim. Les chars n’ont pas pu passer mais ils vont revenir et le 10 attaquent Obenheim. Le 11, contre attaque sanglante. Le 12, l’ennemi se retire, Strasbourg est sauvé. La poche de Colmar, il fait froid, les effets chauds manquent et il y a eu beaucoup de morts dans les Vosges. Les combats sont épuisants, les pertes sévères. Marckolsheim est repris. 1° février, la DFL est sur le Rhin. Repos et espoir d’entrer en Allemagne ». 
           

                                              
   Louis est derrière le tirailleur sénégalais.


Dernier texte manuscrit non daté de Louis :
 « la reprise de l’offensive constitue la meilleure parade à la menace allemande sur Strasbourg. Le 20 janvier 1944, au milieu des bourrasques de neige, par un vent glacial, l’attaque est déclenché ; l’ennemi est surpris mais contre attaque. Les combats sont acharnés, chaque immeuble est une redoute, chaque soupirail cache un panzerfaust. A la grenade, au pistolet-mitrailleur, au poignard, l’avance se poursuit, lente et meurtrière. Les pertes sont lourdes des deux cotés. La batterie de Malraux est presque anéantie…Le 25 janvier au soir, 5 divisions américaines sont jointes à la 1° Armée. Enfin, le 2 février, la 5° DB commandée par un drômois, le général de Vernejoul,  entre à Colmar. Il reste à courir au Rhin le plus vite possible. Le 18 mars, la 1° armée franchit la Lauter et le 31 mars commence le franchissement du Rhin avec des moyens de fortune ».
Nota : ces 4 textes de Louis ont été rédigés  pour des AG de Rhin et Danube entre 1983 et 2004).


Note archives militaires de Pau sur le dossier de Louis  (transmise le 4 mai 2010) : « l’unité franchit la frontière franco-allemande par Lanterbenner le 25 mars 1945 à 11h30 et est en opération en territoire allemand à compter du dit jour ».

                                                                   

 

 
Légende écrite par Louis au dos de la photo :« photo prise sur le pont de la Lauter au moment où nous pénétrons sur le sol ennemi, 21 mars 1945 »
 

Livre « Reconquérir, Ecrits 44-45 », De Lattre, page 178 : « la victoire de Colmar, c’est tellement nous, c’est tellement vous que lorsque la première armée française voulut avoir son emblème, elle a choisi votre écu de Colmar vert et rouge frappé d’une masse d’armes, dont les éléments symbolisent pour nous l’espérance, le sacrifice et la force »… Page 193 « l’Union de tous ces hommes a redonné une âme à notre jeune armée, et par la synthèse de nos traditions militaires les plus nobles et de la mystique la plus généreuse de la Résistance, a réalisé ce miracle d’unité spirituelle qui s’est incarnée dans l’armée Rhin et Danube ».
 




Paul
 : « Louis a raconté une fois une histoire terrible à laquelle  il a participé en entrant en Allemagne, avec le saccage et le pillage complet d’une maison, ses habitants étant épargnés de toute autre exaction. Il a ajouté que les russes n’étaient pas les seuls à se comporter comme se comportent toujours les vainqueurs ».

Témoignage de Louis  pour une Assemblée Rhin et Danube en février 1984. "Dès que les opérations militaires s'achèvent, le premier soin du chef de la 1° Armée Française est de soustraire rpidement les déportés à l'atmosphère désastreuse des terribles camps de concentration. Or ces derniers sont plutôt situés dans les zones réservées aux généraux Patton et Patch qui refusent tout évacuation sur notre zone, car le typhus frappe les lamentables victimes à Dachau et à Allach. Ce serait mal connaître De Lattre d'imaginer qu'il acceptera la quarantaine imposée par les Alliés. Il veut récupérer immédiatemment les déportés; les accueillir  lui même dans le sein de son Armée, les entourer de ses prévenances, présider à leur retour dans la Communauté française. On les soignera dans les 2 îles du lac de Constance, Meinau et Reischau, on les habillera, on les gatera, on fera venir leur famille et ils ne rentreront en France que lorsque tout danger de contagion sera écarté. Patch et Patton acceptent. L'un de nos généraux est chargé d'organiser l'évacuation, la réception et le confort des déportés avec dévouement et affection. En 48 heures, les 2 îles sont aménagées, les convois organisés, les médecins et infirmières convoqués. En 10 jours, 7000 déportés sont ainsi récupérés, beaucoup n'ont plus qu'un souffle de vie, quelques uns mourront, d'autres sont dirigés vers un sanatorium de la Forêt Noire. On trouve parmi eux tous les milieux, toutes les professions. De Lattre leur rend visite tous les jours, s'inquiète aussi bien de leur santé que de leur menu..."

Livre « Reconquérir, Ecrits 44-45 » : page 320 : « De Lattre découvre avec horreur la réalité du monde concentrationnaire nazi. Il s’occupe de la libération et du retour de 8000 français captifs à Dachau. Un tiers environ doivent séjourner à Mainau et Reichenau, iles du lac de Constance, pour tout leur réapprendre ».

 

Le livret militaire de Louis comporte les précisions suivantes sur les batailles auxquelles il a participé :     

-        25 novembre 1944 au 4 décembre 1944 : bataille de Belfort

-         5 décembre 1944 au 22 janvier 1945 : bataille d’Alsace

-        28 janvier au 2 février 1945 : bataille de Colmar

-        14 mars au 30 mars 1944 : bataille d’Alsace et du Palatinat

-        31 mars au 22 avril 1945 : bataille de Stuttgart ;

-        Il est nommé brigadier le 1/10/1945

 Ce livret précise également les campagnes concernées :

-        France, du 1/11/1944 au 24/3/1945

-        Allemagne, du 25/3/1945 au 8/5/1945

-        Allemagne du 9/5/1945 au 22/10/1945 au titre de l’Occupation

 Louis portait un uniforme américain. A gardé de cette époque une baïonnette, une dague des SA et un fanion SS de voiture (donnés à Gilbert pour son musée) et un écusson SS. 

                           

                                                    Louis et Etienne en 1945

Livre « Reconquérir, Ecrits » de Lattre, page 92 lettre au général US Devers : « pour nous, soldats français, nous savons tout ce que nous vous devons : l’équipement, les armes, le matériel, qui ont permis la résurrection de l’armée française ».

Louis  aurait du partir en Indochine en 1946 (Geneviève : « j’avais déjà son adresse postale à Saigon ») mais il a été blessé à la tête lors d’une bagarre à Marseille entre soldats et, hospitalisé le 14 décembre 1945, la veille du départ, il n’a pas pu prendre le bateau prévu. Louis est alors démobilisé en janvier 1946. 
Louis : Ajout texte trouvé en 2012. « Marseille, il y aura des bagarres avec les partants au Tonkin, ce qui me vaudra un séjour à l’hôpital militaire, puis la démobilisation en janvier 1946. La page est tournée ».
     
                                     

               
                                                      
                                                             Diplôme Rhin et Danube (voir annexe 6) de 1967

 Ajout 2013: le 10 mars 1943, des centaines de romanais se rassemblent autour de la gare pour bloquer le train des requis au STO, ce qu'ils parviendront à faire pendant 2 heures. Une plaque commémorative avec photo rappelle cet évènement sur un quai de la gare de Romans.

 Emile Tardy (en juin 2009), frère de Geneviève : « j’ai fait le Chantier de jeunesse au Muy (Var). Puis j’ai été envoyé au STO (glossaire), sous la menace que si je ne partais pas ce serait mon jeune frère Georges qui y serait expédié. Une semaine après mon retour du Chantier de jeunesse, je suis parti en  train depuis Romans  jusqu’à la frontière tchèquo-allemande, à Cheb (170 kms de Nuremberg). Je pensais que cela durerait 3 ou 4 mois, en fait ça a duré de 1943 au 7 mai 1945. Affecté dans une usine de réparation d’avions Heinkel (glossaire) où je devais réparer des caisses en bois, à un rythme très lent, avec un camarade du canton. Nous étions 200, logés dans un camp. L’usine fut bombardée par l’aviation américaine en 1945: quand les sirènes ont sonné, je suis parti à travers champs et me suis jeté à plat ventre dans un ruisseau. Les bombes tombaient, je restais le nez dans le ruisseau, avec un rat mort à un mètre devant moi. Quand je me suis relevé et retourné au camp, j’ai vu des gens morts dans le champ, ainsi que dans le camp. J’ai du ensuite participer au ramassage  des cadavres de 72 tués, dont certains camarades. J’ai eu au cours de ces années l’occasion de passer un dimanche avec Etienne Bossan (frère de Louis), prisonnier de guerre de 1939 à 1945, qui travaillait comme jardinier à proximité de mon usine et nous avons fait un excellent déjeuner car Etienne était mieux nourri que nous.  Le retour en France a pris 2 mois, d’abord avec un car volé aux allemands  que les américains  nous reprendrons  puis par train.  Rentré à Triors, j’ai du annoncer à certaines familles des environs le décès de leur fils ».

 Etienne Bossan (juin 2009) : « Quand j’ai rencontré Emile Tardy, je crois que nous avons bu seulement de l’eau.  J’avais peu à manger quand j’étais prisonnier de guerre. Jubert père, le propriétaire des terres agricoles que nous exploitions à La Garenne, avait établit un contrat de location des bâtiments de La Garenne au bénéfice  de Jules et Jean (mes frères et ceux de Louis) pour leur permettre d’échapper au STO »

 Etienne : « A 20 ans et 4 mois, je fais mon service militaire à Nîmes. La tension était déjà palpable en 1938. Il y a eu une tentative de grève générale lancée par la CGT de Benoit Frachon en novembre 1938, qui a durée 3 jours. L’armée a été installée dans les rues de Nîmes, mitrailleuses chargées, la peur des communistes était très forte alors. La présence militaire a mis fin à cette grève.

Mon régiment est en manœuvre dans les Alpes Maritimes quand l’Italie déclare la guerre le 10 juin 1939. 14 bombardiers italiens tentent de nous bombarder mais  les bombes tombent à 100 mètres du train, à Cannes La Bocca où notre régiment prend le train. Nouveau bombardement peu avant Toulon. Ma Batterie, où je suis dans les transmissions, remonte vers Nemours, où elle est bombardée à nouveau, maintenant par les allemands. Nous n’avions pas de DCA et il y avait plein de réfugiés, en vélo, poussette, charrette, rendant les tirs impossibles. Nos futs de canons (ceux utilisés en 1918 !) étaient tirés par des chevaux. Notre régiment est étalé sur 500 kms, de Voreppe à Nemours !! Des conditions ne permettant pas  de se battre avec les troupes d’en face. Nous constatons une tactique efficace des chars allemands qui s’espacent dans la foule en fuite sur la route: impossible de tirer sans tuer beaucoup de français. Nous nous replions sur Bonnée (vers Orléans) ; nous recevons l’ordre de laisser les munitions et de traverser la Loire avec les pièces d’artillerie ; notre capitaine, constatant la manœuvre, demande qui a donné cet ordre ? En fait, il aurait été donné par un officier allemand habillé en officier français ! Il faut alors récupérer les munitions sous les bombardements en traversant une voie ferrée. Nos 12 attelages sont mitraillés par les troupes ennemies, les chevaux et des hommes tués. Comment riposter avec notre arme individuelle, un mousqueton… ?  Nous nous sauvons dans un champ de blé puis dans un bois, tout en voyant une mitrailleuse allemande à 80 mètres. Repli à nouveau sur Bonnée, avec 17 morts à enterrer et de nombreux blessés à transporter. Cela sous un enfer de tirs, d’obus, de fumée, de bruit insupportable. Tout d’un coup, nous voyons 6 chars ennemis à 30 mètres : nous sommes foutus ! Une négociation s’entame pendant plus d’une heure, nous nous rendons mais certains veulent garder leurs armes ; notre officier finit par accepter une reddition complète, nous sommes encore en vie. Mais prisonnier, il faut marcher sans boire ni manger. Assoiffés, nous buvons de l’eau dans des abreuvoirs  pollués par des cadavres, des bêtes tuées juste à coté. A Château-Landon, nous sommes 600 prisonniers entassés dans l’église. Le lendemain, 20 000 à Montargis sur les bords du canal. Et l’eau manquait toujours, avec la chaleur de l’été. Nous avions tellement de crasse que nous pelions comme certains animaux. A Montargis, nous voyons un beau stock d’armes modernes que notre armée n’a pas utilisé ! Malgré nos efforts, pas d’évasion possible.
                
                       Enveloppe de lettre adressée à Etienne pendant sa captivité.

Puis un train m’emmène en Allemagne vers Eiger, prisonnier au Stalag XIIIB: je suis affecté dans une usine de porcelaine, puis cantonnier chargé des sales boulots dans la ville. J’ai reçu peu de colis, 1 sur 3 seulement arrivait, les autres étaient soustraits dans les centres de triages. J’étais payé en mark, en tant que soldat 2° classe, 14 marks, ce qui permettait d’acheter 2 bières par jour. Comptage tous les jours des prisonniers. Nous n’avions pas beaucoup à manger. Dans ce village, une usine construisait des éléments d’avions à réaction, elle n’a jamais été bombardée, sans doute parce que l’usine d’à coté appartenait à des anglais…J’ai été libéré par les troupes américaines de Patton en juin1945. Mon dernier souvenir est celui de gamins allemands  de 14/15 ans montant au front ».
 

Lettre adressée par Etienne, prisonnier de guerre au Stalag XIIIB, à ses parents Jules et Joséphine le 20 septembre 1941 (archives Louis, ajout 2010)
 « Bien chers parents et tous, le 20-9-41. Je viens de recevoir la lettre de Guite du 4 septembre qui n’a mis que 15 jours pour venir. La photo de Jules m’a bien fait plaisir. J’avais également deux paquets, celui du 27 aout et celui de la tante Marie le tout m’a bien fait plaisir. Je pense que cette lettre vous trouvera tous en très bonne santé ; pour moi ça ne va pas trop mal mais ces jours ci je suis mal foutu. Je vois que vous faites beaucoup de tabac. Je crois que c’est le moment d’agrandir les permis. J’espère que vous faites bien réparer la maison pendant que vous y êtes après ; Et lorsque notre longue captivité sera enfin terminée j’irai respirer le bon air qui y souffle » … suite par copie du manuscrit

 


A priori, le stalag XIIIB était installé à Weiden in der Oberpfalz, ville allemande de Bavière, dans le Haut-Palatinat. La ville se situe à 100 km à l'est de Nuremberg et à 35 km à l'ouest de la frontière avec la République tchèque.
                        


 

Etienne : «notre frère ainé Jules a participé à la bataille de Narvik*, sans tirer un seul coup de fusil ou de mitrailleuse. Les anglais avaient auparavant beaucoup bombardé  les faibles troupes allemandes et les soldats français n’ont eu qu’à hisser le drapeau tricolore. Après Narvik, ces troupes ont été ramenées à Londres où il leur a été proposé de combattre pour la France libre. La grande majorité des soldats a préféré rentrer en France, (la plupart étaient paysans) ce qui a été aussi le choix de Jules, qui a reçu plus tard une décoration pour sa participation à  cette victoire ».

François : «  A Narvik, Jules m’a dit qu’ils se sont peu battus et qu’ils sont partis rapidement. D’abord par bateau à Brest puis un bombardement allemand les fait repartir sur Londres, de là au Maroc puis en Algérie avant de retrouver le sol de la patrie. Le Roi de Norvège les a également décorés ».

 Livre « Alias Caracalla » de Daniel Cordier, éditions « Témoins Gallimard » 2009. « Page 120 : sur les 737 chasseurs alpins revenus de Norvège et présents en Angleterre au moment de l’armistice, seuls 37 y restèrent. Page122 : ceux qui nous en imposent le plus sont les chasseurs alpins des 6° et 13°bataillons, qui ont participé aux opérations de Narvik en Norvège : la plupart d’entre eux ont obtenu la croix de guerre. Page 143 : nous apprenons le 24 juillet que le bateau français le Meknès, quittant l’Angleterre, a été coulé par les allemands. C’est ce même bateau qui avait ramené en Angleterre les chasseurs alpins de Norvège. »

                       
                                             Navires allemands bombardés à Narvik.   

                                    

Guitte (Marguerite). Lettre à son frère Etienne Bossan du 04 janvier 1945 (archives Louis, ajout 2010)
«  Triors le 5 – 1 -45. Bien cher mémé. Pour la 1° fois je t’écris en 1945. Voilà une nouvelle année ; celle de ton retour, c’est certain. Je réponds à ta lettre du 10-11-44, espérant que celle-ci te parviendra et que tu auras reçu celles qui étaient en route depuis longtemps. Je t’avais dit que je pourrais me marier au printemps (avril) mais seras tu là ? Et les évènements vont surement nous faire renvoyer. Nous ne pourrons pas t’envoyer de colis mais la Croix Rouge vous en envoie parait il un par mois, c’est toujours ça. Nous avons de bonnes nouvelles de Louis du 27 – 12 -44. Pour lui la vie n’est pas drôle, il souffre du froid et de la boue  mais a très bon moral. En ce moment, tout le monde est au lit car il est 10h et demie du soir. Nous travaillons au tabac, il faut livrer le 26 de ce mois. Maman est assez bien, si ce n’était ses maux de tête qui la prennent assez souvent. A la Garenne, tout va bien...»…suite par copie du manuscrit.
            

 

                    

 
 Paul : « Etienne est rentré d’Allemagne, en mai 1945, très fatigué. Il avait peu mangé pendant toutes ses années de captivité, c’était une patate par jour au Stalag, et la population était méchante avec les prisonniers ».
 

 Guitte : « un cousin de mon mari Félix Ardin a été fusillé par les allemands à Vassieux, pris en otage après l’assassinat de 2 soldats allemands. Il avait 35 ans ». 

 François : « en 1945, je vais pour la première fois dans la famille de ma mère en Ardèche, avec elle. Nous y allons en car et arrivons à Annonay où on devait retrouver un cousin qui tenait un grand bistrot. Les vitres de son bistrot étaient toutes par terre et le cousin venait d’être tué d’une rafale de mitraillette. Nous avons fait nos dix derniers kilomètres à pied ».

    

                        DEBARQUEMENT ALLIE EN NORMANDIE, 06 juin 1944, et LIBERATION.

      - Geneviève : « je l’ai appris par « ici Londres » que nous écoutions  régulièrement sur notre radio familiale ».
 

Témoignage apporté par Dan  (neveu de Jean-Marc et Monique par son mariage avec Sylvaine, leur nièce, fille de Roselyne) en janvier 2011 :« 5 frères Hon*oro*wski (dont le papa Ronald avait émigré aux USA depuis la Pologne) ont participé à la Seconde Guerre Mondiale: Ronald, mon grand-père, stationné à King's Point dans New-York ; Stanley, sous marinier dans le Pacifique ; Charles dans la marine marchande ; Edward; Anthony engagé dans l’infanterie en janvier 1940.                                              Les parents d’Anthony ont reçu en juin 1944 un télégramme leur annonçant la mort de leur fils, tué au combat en France: “ANTHONY P. HO*NOR*OW*SKI, 32, son of Mr. and Mrs. Ronald Ho*noro*wski, 410 W. New York St., Shenandoah, one of five brothers in the service, has been reported killed in action in France on June 18th in a War Dept. telegram received Tuesday”.

                                  AMERICAN BATTLE MONUMENTS COMMISSION
 
Anthony F. Hon*oro*wski
Private First Class, U.S. Army Service # 33020740, 38th Infantry Regiment, 2nd Infantry Division
Entered the Service from: Pennsylvania
Died: 18-Jun-44.       Buried at: Plot J Row 15 Grave 4, Normandy American Cemetery à Colleville-sur-Mer, France. Décoré de la Purple Heart.


                                                    

     - François (12 ans) : «On ne savait pas ce qu’était le chocolat. On allait voir les américains à St Paul les Romans pour leur en demander. On entendait depuis chez nous le bruit de leur canon de 155 qui depuis la colline tirait sur la vallée du Rhône et Romans où se trouvaient des chars allemands ».

       - Geneviève : « en vélo, avec des amies, je suis allé  applaudir  à St Paul les Romans  les forces américaines qui remontaient la vallée du Rhône ». 
   
       - Klaus VETTER, époux Françoise Bossan (témoignage septembre 2010). « J’avais 10 ans en 1945 et je me souviens bien de l’arrivée des américains. Nous étions réfugiés à la campagne, et nous étions mal vus par les villageois car nous venions de la ville de Darmstadt où il n’y avait rien à manger et qui était bombardée par la RAF (11000 morts en une nuit!). Ce petit village de 4000 habitants -à l’époque- est Gross-Umstadt* à 35 kms de Francfort/Main. Mon père, professeur, essayait de ramasser les patates dans des champs et il se donnait beaucoup de peine pour un faible résultat ; un jour, un paysan ayant eu pitié lui en a donné un plein sac. Les américains nous donnaient du chocolat et des chewing-gums et avec les copains nous allions souvent les voir, notamment les officiers installés dans une belle villa. J’ai eu un choc un jour car voyant pour la première fois de ma vie un noir, je me suis exclamé « un nègre ! ». Celui-ci m’a entendu et m’a attrapé par les cheveux en me criant : « ne redis jamais nègre ».

*Gross-Umstadt : c’est le village où Françoise et moi avons célébré notre mariage en 1979…

                 


                                                                       Darmstadt en 1945

           Livre « 1937-1947, la Guerre Monde, II, page 2009 ; Folio » : Il y eu des théâtres de guerre où les femmes furent les principales victimes, souvent parce que la majorité des hommes valides servaient sur d’autres fronts. A Darmstadt, pour 10 victimes mâles, il y eut 181 femmes…



  
   



 

Geneviève, Etienne et Paul (témoignage mars 2011) : « A la fin de la guerre, il y eu de grandes processions dans nos villages, une foule immense accompagnait le passage de la « Vierge de Boulogne », une statue qui a traversé la France pour retourner à Boulogne dans le Nord. La statue venait de Mours puis a traversé Génissieux, Triors et Chatillon. Il fallait être costaud pour tirer le char sur lequel reposait la statue de la vierge posée dans sa barque ». Germaine (épouse Etienne) : « je suis allé à pied avec ma mère de St Benoit à St Antoine pour voir passer cette statue ». Odile : « la foule demandait la paix et le retour des prisonniers, c’est aussi pour cela qu’une statue avait été érigée au dessus de Chatillon ».

          
                                 La procession en Haute-Savoie

 

Sites internet/Vierge de Boulogne : « de 1943 à 1948, quatre reproductions de la Vierge de Boulogne, appelée aussi « Notre Dame du Grand Retour», chacune montée sur un char, parcoururent 120 000 km à travers la France, visitant 16 000 paroisses, en provoquant un élan de foi, prières et conversions sur son passage. La statue de la Vierge portée sur un bateau s’accompagnait d’une demande de délivrance de la France qui prend tout son sens dans le contexte de la fin de la Seconde Guerre mondiale ».
 

 



                            
      


                     




 
         
 
            

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