L’enregistrement du mariage de Daniel Pic et Suzanne Noyer en 1788 a suivi ce parcours.
« Les protestants dans la Drome, familles protestantes en France du 16° siècle à 1792 » chapitre Drome rédigé par Michelle Nathan-Tillay, directrice Archives de la Drome, édition Archives Nationales 1987. « La révocation de l’édit de Nantes provoqua l’émigration de la minorité commerçante et l’abjuration, de façade, de beaucoup de fidèles. La célébration du culte continua cependant, dans la clandestinité, sous la présidence de laïques que vinrent ensuite remplacer des pasteurs itinérants venus du Vivarais et de Suisse (pasteurs Reboul et Clauzel). Ils purent maintenir tant bien que mal les assemblées du Désert. La seconde moitié du XVII° siècle vit un très net apaisement ; les dragonnades cessèrent dès 1765. En outre le bas clergé, en conflit avec les autorités religieuses, adopta une attitude beaucoup moins rigoriste, sinon parfois complaisante. Fortement implantée dans les montagnes du Diois et dans la vallée de la Drome, la communauté protestante de la Drome connaissait à la fin de l’Ancien Régime une paix de fait dont la liberté des cultes fit un était de droit ».
- « Les Protestants dans le Bas-Diois », 2°édition 2010. Chapitre Aucelon : «en 1644, cette paroisse comptait une centaine de familles protestantes et seulement deux catholiques. Aucelon eut comme dernier seigneur la famille du fameux marquis de Condorcet. Au 19° siècle, le village fut l’un des centres des Réveils Protestants. Son temple, qui abrite aujourd’hui la mairie, est à l’origine d’un différent entre ses habitants et les grands pontes du protestantisme ; seuls 2 cultes y sont célébrés chaque année et il fait office le reste du temps de salle communale. La population du village a dut se battre pour le conserver et l’utiliser pour des manifestations autre que les cultes car c’est le seul lieu de vie ici. Aucelon comptait près de 500 habitants au début du 19° siècle… seuls sept habitants y vivent à temps complet en 2010, dont un boulanger !
- Le nombre de signatures sur les registres que nous avons consulté est important pour l’époque, plus que dans les autres régions consultées par nous (Isère, Ardèche, Savoie) : hommes et femmes savent écrire et donc lire, ce qui est un signe d’implantation de la religion protestante qui a été en avance pour apprendre à lire et écrire à ses ouailles (voir livre E. Todd, « Après la démocratie », page 54).
- Nous rencontrons à Beaurières, en janvier 2011 (grâce à l’intermédiation de la secrétaire de mairie), Maryse P. 80 ans, protestante : « Daniel est bien un prénom protestant, tout comme David, Jeanne, Catherine et en général les prénoms bibliques. Fourcinet, le hameau au dessus de notre village, était entièrement protestant. Il y avait une bonne intelligence entre les habitants, malgré leur religion différente. Les enfants apprenaient à lire dans la Bible. Après 1800, les mariages mixtes n’étaient pas rares ; c’était le cas pour des Pic. La sépulture des protestants se faisait sur une parcelle de leur terrain, ce sont des cimetières familiaux privés, dénommés suivant leur caractéristique ‘les champs, la vigne’, etc... En 2011, nos cimetières familiaux sont toujours utilisés ».
Hameau « protestant » du Fourcinet à Beaurières, photos 2011
Emile Tardy (témoignage mars 2011) : «Je savais qu’ils étaient protestants ; nous rendions visite de temps en temps à Chatillon à une tante. Nous allions à la messe de l’église le dimanche matin mais pas la famille de la tante qui allait au temple ».
Alors, quelle religion pour les PIC ?Les recensements de 1861 et 1866 à Beaurières, Aucelon et Chatillon en Diois indiquent qu’ils sont tous protestants/calvinistes. Par contre le placement de Louise-Emilie à St Laurent d’Onay la fait passer dans la religion catholique.
ACTES DE LA VIE à BEAURIERES DANS LES ANNEES 1700…. Nos recherches nous ont conduits à consulter de nombreux actes notariés réalisés « par devant le notaire royal de la vallée de Lorraine, soussigné maître Payan » (dossier Archives Drome 2E 5030). Si les Pic sont souvent concernés, d’autres habitants de Beaurières le sont également. Ces actes notariés permettent d’en connaître un peu plus sur l’environnement et la vie courant dans cette période vers 1775. Nul doute que nos autres familles drômoises de l’époque vivaient les mêmes circonstances.
- Acte février 1775 : « furent présents Jean-David Marin…habitant à Beaurières, lequel de son gré reconnait et confesse devoir à Daniel Pic ménager demeurant au même lieu, et présent acceptant, la somme de 155 livres 4 sols, qu’il lui doit… d’argent de près et du blé… qu’il luy a délivré pour la subsistance de celle de sa famille…. Ledit Marin promet et s’oblige la payer audit dans l’année prochaine accompter de ce jour, avec intérêt à la Cotte vingtième qui ont cours ».
- Acte mai 1775, 3 pages : « David Marin, fils à feu Jacques, travailleur, lequel de son plein gré… vend purement simplement et irrévocablement sans réserve ni retour à Jean-David Pic, fils à Daniel ménager habitant Beaurières, ci présent acceptant… La présente vente est faite moyennant le prix la somme de 112 livres. Ledit Morin… délègue ledit Pic à la payer à Jean Galland fils à feu Antoine et de défunte Madeleine Lagie ses père et mère originaires de Beaurières fabriquant de chapeaux résidant à la ville de Nîmes… la dite somme de 112 livres a été tout présentement payée par ledit Daniel Pic, acompte des droits du légitimaire qu’il doit à Jean-David Pic son fils… Fait et récité à B…dans le château du même lieu en présence de… ». Les 2 Pic ont signé l’acte.
- Acte mai 1775 : « furent présents Pierre Isnard fils à feu Joseph travailleur de la terre en qualité de mary Le maître des droits de Louise Pic, fils à feu Pierre et de Judith Isnard, habitant à B, lequel de son gré reconnait et confesse avoir reçu de Pierre fils au feu Pierre, son beau-frère habitant au lieu dit Fourcinet… livres sur les droits légitimes qui avaient été constitué à ladite Louize Pic sa femme… »
- Acte juin 1775 : « Gaspard Oddin père et fils ce dernier donataire du père ménager habitant à B, lesquels… vendent à Jean-David Pic fils à Daniel une terre située au terroir dudit B au Mas appelé Jacore… la somme de 78 livres ».
- Acte septembre 1775 : « ont comparu Daniel Pic, fermier du seigneur Baron de Pounat de son château et domaine de B, âgé d’environ 60 ans, Jean Blain, JD Marin, Jh Rouvier… tous originaires et habitants du même lieu de Beaurières, lesquels de leurs grés certifient tous pour Vérité, alour qu’il appartiendra, qu’ils ont vu Mr Jh Bornand ancien procureur au Parlement de Grenoble … demoiselle Marguerite de Bandol sa veuve, posséder le domaine de B et ses dépendances…
- Testament octobre 1775 : «présent Pierre Pic fils à feu Jean, journalier habitant au bas Chareur… de donner et léguer à Anne Elizabeth Pic ses deux filles la somme de 300 livres à chacune… lorsqu’elles auront atteint l’âge de 25 ans, onguent qu’elles se marient ».
- Mariage mars 1776, 4 pages : « Au nom du Dieu, fait amen, pardevant le notaire Royal de la Vallée de Lorraine, le 17 mars, furent présents Pierre Pic fils légitime de défunt Daniel Pic et de Magdeleine Gugnan ses père et mère habitant de B d’une part… de Madeleine Amand… habitante Fourcinet d’autre part… lesquelles parties de leur gré agissant et avoir ledit Pic du consentement de sa mère, de l’avis de David Pic son frère, de David Marin, de Jean-David Pic son frère, de J-D Listard son cousin…ont promis se prendre et épouser en légitime mariage aux formes ordinaires…ledit futur époux donne à la future épouse la somme de 166 livres 13 sols 4 deniers… Pour baguer le joyau ledit Pic futur époux donne à la future épouse la somme de 55 livres…qu’elle pourra disposer à ses plaisirs et volonté ».
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